Depuis quelque temps déjà, aussi bien côté autorités que sociétés savantes, le thème de l’accident nucléaire revient de manière récurrente.
Est-ce la guerre en Ukraine avec l’envahissement de la centrale de Tchernobyl qui a accentué le phénomène ? Pas vraiment…
L’accident de Fukushima a été comme un révélateur sur les organisations à mettre en place en cas d’événement de ce type. On retrouve d’ailleurs, depuis les décrets de 2018, les éléments sur la situation d’urgence radiologique et le post-accidentel dans le code de la santé publique et le code du travail.
Mais cela interroge tout de même, car si on regarde les dates de programmation des journées techniques sur ce thème, ou encore les documents produits aussi bien côté ASN qu’au niveau de la CIPR, on sent que le sujet devient sensible.
Pour illustrer mon propos, quelques exemples :
- La SFRP vient d’organiser une journée technique le 16 juin 2022, avec pour thème : « Se préparer à gérer les conséquences d’un accident nucléaire ». Cette journée comportait des sessions thématiques permettant d’aborder différents sujets en lien avec la préparation à la gestion d‘un accident nucléaire, avec dans un premier temps, un panorama général des plans nationaux de gestion d’un tel événement avec les recommandations internationales. Les évolutions envisagées de la doctrine française pour la gestion du post-accidentel et le retour d’expérience des exercices nationaux ont été traités avec ensuite des exemples des déclinaisons locales de cette doctrine au travers de relais tels que les professionnels de santé ou les commissions locales d’information (CLI). Le suivi sanitaire mis en place à la suite de tels évènements a fait l’objet de présentations. Enfin, il a été abordé une présentation des recherches en cours sur les technologies de décontamination des sols et sur le développement d’outils d’aide à la décision dans la gestion post-accidentelle d’un territoire.
Si vous êtes membre SFRP, vous pouvez récupérer les différentes présentations dans « manifestations passées ».
- La CIPR 146, sorti en juin 2022, traite du sujet : « protection radiologique des personnes et de l’environnement en cas d’accident nucléaire majeur ». Elle est traduite en français et mise à disposition du public sur le site de l’IRSN :
https://www.irsn.fr/FR/Larecherche/publications-documentation/collection-ouvrages-IRSN/Documents/CIPR146_web.pdf
- Ls SFMC (Socitété Française de Médecine de Catastrophe) prévoit sa prochaine session le 27 septembre 2022 sur le thème "Le risque NR en 2022" (NR = Nucléaire Radiologique) :
https://www.sfmc.eu/wp-content/uploads/2022/05/Programme-NR-Version-9-Juin-2022.docx
- L’ASN avait sorti il y a quelque temps maintenant une plaquette d’informations simple à destination du grand public :
https://www.asn.fr/l-asn-informe/situations-d-urgence/la-distribution-d-iode/documents-d-information/alerte-nucleaire-je-sais-quoi-faire-!
Ils ont également publié un guide pratique pour les habitants d’un territoire contaminé par un accident nucléaire :
https://www.asn.fr/l-asn-informe/post-accident/le-codirpa/guide-pratique-pour-les-habitants-d-un-territoire-contamine-par-un-accident-nucleaire
- Sans parler des guides comme le CODIRPA (éléments de doctrine pour la gestion post accidentelle d’un accident nucléaire) ou celui concernant l’intervention médicale en cas d’événement nucléaire ou radiologique, qui sont en cours de révision. Il faut dire qu’ils dataient un peu tous les deux.
A vous de vous faire votre opinion sur le sujet en consultant ces documents.
Il faut s’attendre à de nouvelles modifications de fond dans notre architecture réglementaire.
Un nouveau projet de décret est en cours d’élaboration.
Les modifications du code du travail devraient porter sur :
Nous avons encore de gros chantiers devant nous.…
C'était bien ! Mais que c'était bien !
Nos 4èmes journées techniques se sont terminées.
Au vu des retour des participants et des exposants, nous avons réussi notre pari : vous faire plaisir !
Merci, merci, merci d'être venus, de nous supporter depuis 12 ans et de participer à cette aventure !
Merci aussi aux orateurs qui nous ont régalés avec des présentations de qualité.
Un gros merci au cirque Imagine de nous accueillir et de nous avoir proposé (avec le traiteur) une soirée de gala que beaucoup d’entre vous ont qualifié de MAGIC.
Et bien entendu, nous nous projetons déjà dans l’avenir et nous pensons déjà aux 5ème journées.
Pour l’instant, nous ne vous en disons pas plus, histoire de vous faire mijoter à feu doux.
Voici un marronnier : le rapport annuel.
Le président a fait sa présentation devant l’office parlementaire.
"Ce qui ressort plus particulièrement de l’année 2021, et notamment de sa seconde partie, ce sont les fragilités industrielles qui touchent l’ensemble des installations nucléaires et le débat qui s’est installé sur les choix de politique énergétique et la place du nucléaire dans ces choix."
Le président de l’ASN a donc insisté sur les choix à faire en matière énergétique.
"La perspective d’une politique énergétique comportant une composante nucléaire de long terme doit être accompagnée d’une politique exemplaire en matière de gestion des déchets et du nucléaire historique." Et c’est le cas pour certaines anciennes installations du CEA. A titre d’illustration, le centre de Fontenay a encore décalé la date de la fin du démantèlement du site puisque l’on se dirige maintenant vers 2047 !
Le directeur général a prôné un contrôle plus proportionné aux enjeux.
"L’ASN a accentué ses efforts en faveur d’une « approche graduée » du contrôle. Ainsi, dans le nucléaire de proximité, la refonte des régimes administratifs opérée ces dernières années a permis d’alléger les dossiers demandés et les instructions réalisées pour les activités à plus faibles enjeux de radioprotection. De même, l’ASN a recentré ses inspections sur les activités à plus forts enjeux."
On aimerait surtout que certains inspecteurs fassent des demandes cohérentes sur l’ensemble du territoire. Nous serions presque tentés de réaliser un document sur les « perles » concernant certaines demandes lors des inspections.
Avec un changement de gouvernement, il y a peu de chances que des textes sortent en ce moment.
Nous n'allions quand même pas laisser la SFRP avoir tout le fun ! C'est par un heureux hasard que le Cirkus a assisté à ce congrès organisé par l'IRPA. Il y aurait beaucoup à dire et nous sommes encore trop "petit Poucet" pour lire le marc de cravate de ce genre de manifestation, mais il y eut de belles rencontres et de belles conférences.
Nous avons pu engager la discussion avec la SFRP sur des travaux en commun. Nous avons visité la centrale nucléaire de Paks, au design soviétique toujours aussi surprenant. Et une petite mention spéciale à la présentation de Kathryn Ambrose qui propose une nouvelle définition du principe ALARA, basée non seulement sur des critères technico-économiques, mais qui prend aussi en compte des critères de sécurité et environnementaux. C'était frais, nouveau, et ça fait du bien !
Cette fois c’est la dernière ligne droite, puisque nous allons nous retrouver ce mois-ci.
Les inscriptions vont bientôt se terminer car nous arrivons pratiquement à la capacité maximale. Mais, mais, mais… Il reste encore quelques places !
Alors dépêchez-vous si vous n’avez pas pris votre billet, car il n’y en aura pas pour tout le monde.
Non seulement, le programme va être de qualité, mais les à-côtés vont être passionnants.
Nous allons enfin retrouver nos exposants qui seront à votre écoute. Je crois même comprendre qu’il y aura des jeux, avec des lots à gagner. Vous allez aussi avoir des affichages de la part de sociétés qui n’ont pas pu avoir de stand (les kakemoneurs).
Vous allez avoir le camion de l’IRSN, mais je dois vous dire que pour la visite, celui-ci affiche déjà complet.
Enfin, il y aura une exposition avec les posters ASN/IRSN.
Et surtout, n’hésitez pas à vous inscrire pour le repas de gala, qui ne sera pas qu’un repas !
De quoi faire la fête. Dans la tradition du Cirkus !
Pour une fois, je vais légèrement sortir du champ de la radioprotection, mais rester sur le domaine scientifique.
Un billet d’Etienne KLEIN, docteur en physique et en philosophie, dont j’étais le collègue au CEA, m’a interpellé au début du mois d’avril.
"La vulgarisation scientifique est-elle un échec ?" : à cette question il apparaît que la réponse est « non, mais quand même, un peu, ça dépend… »
Je vous engage à lire l’article, où quelques passages sont édifiants.
Je ne peux m’empêcher de vous en citer trois :
« Le PISA, que vous connaissez certainement, mais aussi le TIMSS qui évalue les compétences en sciences et en mathématiques des élèves de CM1 et de 4e dans les pays de l’OCDE. La France est tout en bas du classement, avant-dernière pour le CM1 ! Il y a donc plus de trente pays de l’OCDE devant nous… Cette mauvaise place ne me semble guère provoquer de réactions politiques, alors même qu’il s’agit d’un enjeu littéralement républicain. »
« Comment pallier ce manque de culture scientifique des journalistes ? Je ne me sens guère capable de formuler d’autres propositions que celle-ci, d’un classicisme que vous jugerez sans doute désolant : je suggère de les former périodiquement, hors période de crise, sur les sujets importants, afin qu’ils acquièrent un « fond de références » qu’ils pourront mobiliser quand cela deviendra nécessaire. Bref, de leur donner de véritables cours, conçus pour eux, dynamiques et bien charpentés ! »
« J’imagine que les journalistes sont des personnes tiraillées, sommées tout à la fois d’informer et de faire de l’audimat… Je n’aimerais pas être à leur place.
D’autant qu’il y a là aussi un problème de prolifération, mais non nucléaire : à force de promouvoir la vétille comme épopée du genre humain, les formes modernes de la communication se transforment en une vaste polyphonie de l’insignifiance. Elles produisent une sorte de magma informel que nul message élaboré, construit, raffiné, ne parvient plus à transpercer. »
Et de conclure : « Voilà pourquoi je pense que la vulgarisation scientifique demeure plus que jamais nécessaire. »
Nous avons encore beaucoup de travail, et pour conclure avec une dernière phrase d’Etienne :
« Par exemple, des sondages montrent régulièrement qu’environ 70 % des Français pensent que le nucléaire est responsable du changement climatique. On peut penser tout le mal que l’on veut du nucléaire, mais pas avec cet argument-là, car cette corrélation entre changement climatique et nucléaire est tout bonnement fausse. Comme vous le savez, le nucléaire est une énergie décarbonée. La proportion montait à 83 % chez les 18-24 ans en 2017.
Autrement dit, une grande proportion des jeunes d’aujourd’hui, notamment de bacheliers, pensent que le nucléaire modifie le climat. Or, ce sont eux qui vont avoir à affronter la question cruciale de la production d’énergie sous contrainte climatique, ce qui supposera de leur part quelque compétence… »
Pour ceux qui voudraient avoir quelques idées sur la radioactivité artificielle dans l’environnement, nous vous conseillons d’aller sur le site de l’IRSN pour télécharger le document suivant : Le bruit de fond des radionucléides artificiels dans l’environnement français métropolitain ; bilan des constats radiologiques régionaux.
On y parle césium-137, strontium-90, carbone-14, tritium.
Vous y verrez, en particulier, l’impact des essais nucléaires des années 60 !
L’IRSN présente son bilan et la mise en œuvre du plan de surveillance régulière pour l’environnement et notamment autour des installations nucléaires.
Compte tenu de notre situation en ce mois d’avril, mois d’élection, il va falloir attendre un peu pour voir publiés les textes qui nous occupent.
Par contre le questions/réponses de la DGT, notamment sur les aspects vérifications des matériels de radioprotection, est sorti !!
Bonne lecture ! Et sur le forum nous avons déjà ouvert la discussion, sans vous garantir de vous apporter toutes les réponses.
Après l’Ukraine et la situation chaotique à Tchernobyl et sur les autres réacteurs et sources détenues dans différents endroits du pays, il a fallu faire face à des interrogations de la part du grand public.
Les pharmacies ont visiblement reçu de nombreuses demandes pour obtenir des comprimés d’iode pour faire face à une explosion atomique ou des relâchements importants de radioactivité de la part d’un réacteur !
Alors pour la bombe atomique, on oublie le comprimé d’iode.
Il y a d’autres effets bien plus dévastateurs immédiatement, et il y a d’autres radionucléides présents lors des retombées.
Pour l’explosion d’un réacteur, la prise de comprimés d’iode est totalement justifiée si vous avez moins de 18 ans. Au-delà de 40 ans, les effets secondaires dus à la prise d’un comprimé d’iode stable sont plus invalidants.
Pour étayer mon propos, voici une courbe que l’on trouve sur le site de l’agence fédérale de contrôle nucléaire l’AFCN, l’ASN belge
Moi qui suis d’un certain âge, il n’y aurait que peu d’utilité à prendre un comprimé d’iode.
Après l’épisode iode, nous avons eu droit à traiter le sujet : « du sable radioactif sur mon pare-brise, au secours ! » sur un média national télévisuel.
Là encore, l’objectif était-il d’affoler la population par rapport à cette exposition ?
Pour mémoire, l’ACRO (Association pour le Contrôle de la Radioactivité de l'Ouest) avait annoncé lors d’un épisode précédent une activité de 75 000 Bq par kilomètre carré. Ce qui donne 0,08 Bq par mètre carré !
Pour ceux spécialisés dans le transport, vous apprécierez la valeur de 0,000008 Bq par centimètre carré. Aucune chance de mesurer quoi que ce soit.
En tout cas, cela a fait couler beaucoup d’encre pour expliquer qu’il y avait plus d’exposition naturelle que d’exposition due aux essais nucléaires atmosphériques réalisés par le passé.
Et forcément la situation en Ukraine avec une potentielle crise énergétique a déclenché sur un autre média télévisuel, une émission titrée: « Le nucléaire, incontournable ? ». Classiquement ce média est orienté depuis longtemps, en ce qui concerne le nucléaire. Restons simplement sur la radioprotection. Certaines des personnes interrogées ont des positions dogmatiques.
Dire par exemple : “que le moindre Becquerel de tritium dans la Loire ou ailleurs est dangereux et inacceptable ! ”. Relativisons : imaginons qu’un bébé puisse boire 3 litres d'eau de la Loire par jour pendant un an à 300 Bq/L (on dirait l’histoire de la marmotte qui met le chocolat dans le papier d’alu). Cela correspond (sans compter la période effective où il y a élimination) à 330 000 Bq.
Si le risque supposé correspond à la loi linéaire sans seuil, avec une DPUI nouveau né à 6,4 .10-11 Bq/Sv, ce pauvre bébé recevrait 21 µSv sur l’année (il faut qu’il boive ses 3 litres) ! À comparer aux 4500 µSv reçus en moyenne chaque année de façon tout à fait naturelle, soit un ajout de 0,5 %.
Mais il se peut que certains interviewés nous expliquent, sans doute, que les Sv naturels sont moins méchants que les Sv de l'industrie nucléaire.
Je leur conseille quand même de regarder les dernières publications scientifiques concernant les effets biologiques.Pour les effets à très faible dose, même si c'est encore au niveau de la recherche, on se dirige vers une convergence qui montre qu’au niveau cellulaire, l’apoptose est privilégiée par rapport à la réplication avec défaut. Au lieu de la loi linéaire sans seuil (qui était le moins mauvais outil de gestion du risque), on se dirigerait vers une relation quadratique.
Le nucléaire fait vendre du papier. Il est par contre dommage que ces papiers soient autant à charge…
Décret n°2022-395 du 18 mars 2022 relatif au document unique d’évaluation des risques professionnels et aux modalités de prise en charge des formations en matière de santé, de sécurité et de conditions de travail par les opérateurs de compétences.
Après la crise sanitaire, nous avons maintenant une crise militaire en Europe.
En dehors de tout contexte politique, il y a eu un passage des russes à Tchernobyl. On a tout entendu sur le sujet dans les médias, y compris sur le fait que les réacteurs n’allaient plus fournir d’électricité. Ils ne fonctionnent plus depuis 2001 et le combustible a été déchargé !
Reste évidemment des stockages de déchets, mais ce serait ouvrir une boîte de Pandore que de vouloir y toucher…
Je doute d’ailleurs que les Russes aillent voir l’état du réacteur n°4 (nostalgie quand tu nous tiens – humour noir).
Mais cela a eu pour conséquence de déclencher les balises de mesures de la radioactivité.
Quand vous faites passer des engins militaires dans un terrain contaminé, il y a de fortes chances de remettre en suspension de la radioactivité.
L’AIEA et les réseaux de surveillance suivent les variations d’activité de près. L’IRSN a également publié un point de situation sur les mesures en France. Rien à signaler de ce côté-là.
Il reste sur le territoire ukrainien 15 réacteurs qui sont en état de fonctionnement. L’AIEA a demandé à ce que soient préservées ces installations.
Eh bien cette fois il y a de quoi faire et de quoi lire, si vous n’avez pas fait attention :
Côté décrets :
Décret n°2022-114 du 1er février 2022 relatif aux conditions techniques de fonctionnement de l’activité de médecine nucléaire.
Décret n°2022-174 du 14 février 2022 relatif à la mise en œuvre d’opérations de valorisation de substances faiblement radioactives.
Décret n°2022-175 du 14 février 2022 relatif aux substances radioactives éligibles aux opérations de valorisation mentionnées à l’article R. 1333-6-1 du code de la santé publique
Ces deux derniers textes étaient très attendus car c’est une ouverture sur l’absence de seuil de libération. Cela s’applique à la catégorie de matériaux métalliques.
Côté arrêtés :
Arrêté du 1er février 2022 fixant pour un site autorisé le nombre d’équipements de médecine nucléaire en application du II de l’article R. 6123-136 du code de la santé publique
Arrêté du 15 février 2022 fixant les règles générales relatives aux installations et activités nucléaires intéressant la défense
Nous avons en principe mis ces textes en ligne. Ils n’appellent pour l’instant pas d’analyses de notre part.
Et pour finir sur une note plus légère, vous allez trouver sur le forum, dans la cour de récréation, un jeu à 12 étapes.
Nous en sommes à la quatrième, mais il n’est pas trop tard pour commencer…
Vous pouvez rattraper ceux qui sont devant vous.