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Edito

Octobre 2019

 

Le nuage de Tchernobyl et l’usine Lubrizol

Voici un texte repris en partie d’un article du quotidien Le Point, avec quelques ajouts cirkusiens (en italique).

C’est où l’on ressort le mythe d'un mensonge des autorités à propos du nuage de Tchernobyl. C’est sans doute la théorie du complot la plus répandue dans la société française. Il s'est pourtant forgé dans la foulée de l'événement, par un concours de circonstances mêlant une communication désastreuse des pouvoirs publics et les manipulations politiques de partis et de mouvements antinucléaires. Et ce mythe a repris une deuxième – voire troisième – jeunesse avec l'usine Lubrizol, à Rouen.

Pour faire simple et résumer les choses :

Lorsque l'accident survient, le 26 avril 1986, l'URSS le cache et l'opacité est totale.

Dans le journal de 13 heures du 29 avril, les Français découvrent le professeur Pellerin, patron du SCPRI, qui expose alors les valeurs mesurées en becquerels en Suède (de l'ordre de 10 Bq/m³, c'est-à-dire très proches de la radioactivité naturelle), et rassure logiquement : « C'est une activité notable, mesurable, mais qui ne présente aucun inconvénient sur le plan de la santé publique.»

Le 30 avril, la météo change et les rumeurs s'amplifient. La Russie diffuse toujours des bribes d'information rassurantes quand d'autres évoquent des centaines de morts.

Dès le 30 avril, un communiqué du SCPRI envoyé à la presse confirme l'arrivée du nuage radioactif : on signale « une légère hausse de la radioactivité atmosphérique sur certaines stations du Sud-Est, non significative pour la santé publique ».

Suivi d'un autre, le lendemain : « Ce jour 1er mai 86, 24 heures, tendance pour l'ensemble des stations du territoire à un alignement de la radioactivité atmosphérique sur le niveau relevé le 30 avril dans le Sud-Est. Il est rappelé que ce niveau est sans aucune incidence sur l'hygiène publique. »

Pour raconter l’histoire vécue de l’intérieur, le nuage est arrivé sur le CEA Saclay le 1er mai à 13 h 50.

Puis la radioactivité s'accroît dans l'Est. Dans le Nord-Est, région la plus touchée, l'activité atteindra 25 Bq/m3. C'est effectivement rassurant : dans certaines maisons, l'exposition naturelle au radon peut atteindre 1 000 Bq/m3 !

La faute des autorités est qu'elles ne donnent pas ces valeurs, se bornant à transmettre des informations laconiques. En clair : les pouvoirs publics indiquent bien que le nuage radioactif a survolé la France et que les niveaux observés sont parfaitement rassurants, mais le public est prié de se contenter de cela.

Ce que l’on peut reprocher au professeur Pellerin, c’est d’avoir été un piètre communiquant (mais ce n’était pas son métier).

Et, de fait, le public s'inquiète. Car au même moment, en Allemagne, juste de l'autre côté de la frontière (où les retombées ont été plus fortes), des mesures restrictives sont prises pour protéger la population, alors qu'en France le SCPRI communique sur les 500 relevés effectués et répète que « l'exposition aux radiations qu'ont subie les Français est inférieure au dixième de l'exposition naturelle annuelle ».

Un journaliste ironise alors : « Tout se passe comme si le nuage s'était arrêté à la frontière... » Le mythe est né.

De mémoire c’était le journal les dernières nouvelles d’Alsace.

Un communiqué particulièrement maladroit, publié le 6 mai par le ministère de l'Agriculture, achève d'exaspérer : « Le territoire français, est-il écrit, en raison de son éloignement, a été totalement épargné par les retombées de radionucléides consécutives à l'accident de Tchernobyl. À aucun moment les hausses observées de radioactivité n'ont posé le moindre problème d'hygiène publique. » On notera l'absurdité de la formulation : si des hausses ont bien été observées, pourquoi dire d'abord le contraire ?

Face à cette communication désastreuse du gouvernement, des voix s'élèvent pour exiger plus de transparence. Les opposants au nucléaire, saisissant l'occasion de dénoncer les dangers de cette technologie et d'exiger son arrêt, accusent les autorités. Et, peu à peu, le ton change dans la presse. De nombreux journaux, qui avaient pourtant publié les informations suivant l'évolution du nuage radioactif sur la France, changent totalement de discours une dizaine de jours plus tard. Le 12 mai, le journal Libération titre « Le mensonge nucléaire ». Il ne sera pas le seul.

Le mythe sera perpétué, ensuite, par la Criirad (Commission de recherche et d'information indépendante sur la radioactivité), créée dans la foulée de l'accident par une poignée de militants écologistes, emmenés par l'actuelle eurodéputée Michèle Rivasi. Mais Pierre Pellerin, attaqué en 2006 pour « tromperie et tromperie aggravée » par la Criirad et l'Association française des malades de la thyroïde (AFMT), sera totalement blanchi, en 2012, par la Cour de cassation.

On constate qu’avec l’incendie de l’usine Lubrizol, les méthodes de communication n’ont guère évolué depuis plus de trente ans ! On peut aussi se poser la question de la publication des résultats de mesures. Pour les polluants dans l’air c’est assez rapide, si on cherche bien.

 

Côté réglementaire

Arrêté du 27 septembre 2019 portant homologation de la décision n°2019-DC-0669 de l’Autorité de sûreté nucléaire du 11 juin 2019 modifiant la décision n°2017-DC-0585 du 14 mars 2017 relative à la formation continue des professionnels à la radioprotection des personnes exposées aux rayonnements ionisants à des fins médicales.

Il abroge l'arrêté du 18 mai 2004 relatif aux programmes de formation portant sur la radioprotection des patients exposés aux rayonnements ionisants.

Septembre 2019


... On a rangé les vacances
Dans des valises en carton
Et c'est triste quand on pense à la saison
Du soleil et des chansons

Mais au Cirkus, il y a toujours du soleil et des animations !
Pour ce mois-ci, il est encore temps de donner votre avis : 

Le grand débat sur le plan national de gestion des déchets radioactifs

Actuellement se déroule le grand débat national sur la gestion des déchets radioactifs. Il devrait se conclure le 25 septembre.
Plusieurs réunions ont eu lieu également en région, et le public est invité à donner son avis sur le site internet du grand débat.
Nous n'étions pas intervenus directement lors de cette première tentative, il y a deux ans maintenant, et nous craignons que la teneur des débats et des propositions soit entaché des mêmes difficultés.
Mais vous pouvez fort bien aller voir ce qui s'y dit !
https://participons.debatpublic.fr/processes/pngmdr

La consultation du public sur l'arrêté qui concernera les activités soumises à enregistrement

Vous pouvez encore vous exprimer jusqu'au 20 septembre sur le projet soumis à consultation du public.
Il s'agit des activités qui seront soumises à enregistrement.

https://www.asn.fr/Reglementer/Participation-du-public/Autres-activites-nucleaires/Participations-du-public-en-cours/Activites-nucleaires-des-domaines-industriels-veterinaires-et-de-recherche-soumises-au-regime-d-enregistrement

Côté réglementaire

Rien à signaler, mais ça ne devrait pas durer...

 

Août 2019

Tritium dans l'eau ! Un coup dans l'eau...

Voici une information qui n'en est pas une, ou comment mettre la panique à peu de frais.

"Plus de 6 millions de personnes boivent de l’eau contaminée !
Selon les données transmises par le Ministère de la Santé et compilées par l’ACRO, sur la période 2016-2017, l’eau potable de 268 communes, représentant 6,4 millions de personnes, est contaminée par le tritium. À de très nombreuses occurrences, les concentrations dépassent le bruit de fond naturel [1], jusqu’à atteindre 31 Becquerels/L en moyenne pour la ville de Châtellerault, en aval de la centrale nucléaire de Civaux."

Cela a fait la une de la presse en ce mois de juillet où les autres activités sont au ralenti.
Vous noterez que l’on ressort des mesures datant de 2016-2017 et qu’on en fait la publication à ce moment-là !
Alors il a fallu aller sur des réseaux sociaux, répondre à des amis qui s’inquiètent que tout ça n’avait pas grand effet, avec démonstration à l’appui.
Expliquer aussi que les installations nucléaires de base ont des autorisations de rejets d’effluents radioactifs et chimiques. Il est donc normal pour les installations du cycle d’avoir du tritium dans l’eau qui se déverse dans les rivières, les fleuves et les mers.
En principe, les exploitants nucléaires sont tenus de faire des mesures autour de leurs installations. Ces mesures doivent d’ailleurs figurer dans le rapport TSN (transparence en matière de sûreté nucléaire) exigible chaque année.
J’ai donc pris des hypothèses très pénalisantes pour faire des calculs d’impact.
Alors imaginons qu’une personne boive 2 litres d’eau du robinet par jour, tous les jours et pendant un an. Imaginons donc que ce coefficient soit trop minimisé selon toutes nos associations citées précédemment.
Prenons un facteur 10 (ce qui est énorme) en plus.
4,2 10-10 Sv/Bq
Partons d’une activité volumique de 50 Bq/L dans l’eau.
L’activité incorporée est égale à :
50 . 2 . 365 = 36 500 Bq
Calculons alors la dose efficace incorporée :
E = 36 500 . 4,2 10-10 = 0,00001533 Sv
Soit 15,33 µSv !
Ce qui représente deux à trois jours d’exposition naturelle, et en prenant un facteur 10 par rapport au coefficient réel !! C’est aussi l’exposition après avoir fumé DEUX cigarettes !
Les spécialistes apprécieront.

 

Canicule et réacteurs

Et après le tritium, il y a eu un questionnement général sur le fait qu’EDF a stoppé les deux réacteurs de Golfech.
Les anti-nucléaires s’en sont donné à cœur joie.
J’ai quand même repris le texte de l’ASN :

Le fonctionnement des réacteurs nucléaires pendant les périodes de canicule est pris en compte dans leur démonstration de sûreté. Les températures considérées sont régulièrement réévaluées, notamment à l’occasion des réexamens périodiques, pour prendre en compte les évolutions climatiques.

Heureusement qu’il y avait un peu d’électricité pour faire tourner les climatiseurs. Le record de consommation électrique estivale a d’ailleurs été battu !

 

Analyse de la réglementation

Notre équipe de clowns met à disposition son analyse du dernier arrêté dosimétrie du 26 juin 2019. Pour la retrouver, c'est par ici.

 

Nouveau document formation sur la gestion du risque radon

Vous pouvez retrouver le dernier document de formation relatif à la gestion du risque radon par ici.

Bonne lecture !

 

 

 

Juillet 2019

Arrêtés d'application

L’arrêté « dosimétrie » du 26 juin 2019 relatif à la surveillance individuelle de l'exposition des travailleurs aux rayonnements ionisants est publié au Journal officiel du 3 juillet 2019.

Le présent arrêté fixe les modalités et les conditions de mise en œuvre des dispositions de l’article R. 4451-64 à R. 4451-72 du code du travail, notamment :

1° De déclaration auprès du système d’information de la surveillance de l’exposition aux rayonnements ionisants (SISERI) ;

2° De mise en œuvre de la surveillance dosimétrique individuelle des travailleurs exposés à un risque dû aux rayonnements ionisants ;

3° De communication à SISERI des résultats de la surveillance dosimétrique individuelle ;

4° D’accès aux résultats de la surveillance dosimétrique individuelle et de rectification éventuelle par le médecin du travail ;

5° D’accréditation des organismes de dosimétrie, des laboratoires de biologie médicale et des services de santé au travail en charge de la surveillance individuelle de l’exposition des travailleurs aux rayonnements ionisants prévue à l’article R. 4451-65 du code du travail.

Comme prévu il y a des dispositions transitoires.

Le présent arrêté entre en vigueur le 1er juillet 2020. A cette date, l’arrêté du 17 juillet 2013 relatif à la carte de suivi médical et au suivi dosimétrique des travailleurs exposés aux rayonnements ionisants et l’arrêté du 21 juin 2013 relatif aux conditions de délivrance du certificat et de l’agrément pour les organismes en charge de la surveillance individuelle de l’exposition des travailleurs aux rayonnements ionisants seront abrogés.

Autre activité réglementaire

Pour les activités liées à l’exploitation des mines et des carrières, l’administration est en train de revoir le Règlement Général des Industries Extractives.

Pour cela, un décret va s’aligner sur la partie code du travail pour les rayonnements ionisants et un arrêté va abroger trois anciens textes de même portée.

Juin, période des congrès et des journées PCR des réseaux

Beaucoup de réseaux PCR ont profité de ce mois de juin pour organiser leurs journées techniques. C’est ainsi que plusieurs membres du Cirkus se sont retrouvés lors de ces occasions.

C’était la journée du réseau Grand Est (Estrad), du réseau Auvergne Rhône Alpes, du réseau Apcrap (Ile-de-France).

La SFRP tenait également son congrès national à La Rochelle.

Les présentations de cette manifestation sont à disposition des membres sur le site Internet.

Les livres de l’été pour vos vacances

Et après la chaleur de cette fin de mois de juin, la période des vacances va arriver.

La rubrique « Bibliothèque » s’est enrichie (tout comme l’uranium) d’un certain nombre d’ouvrages. Notre sélection pour commencer :

  • Les pionniers de l’atome - Bertrand Goldschmidt
  • Le complexe atomique - Doisneau chez les Joliot Curie
  • Physique nucléaire et radioprotection à l’usage de l’environnement nucléaire - Arnaud Boquet
  • Exercices de radioprotection Tome 1 à 3 - Marc Ammerich

Information générale

L’IRSN renforce son engagement pour la science ouverte

Dorénavant, les publications scientifiques de l'IRSN seront automatiquement déposées sur la plateforme nationale d'archive ouverte HAL (Hyper articles en ligne) développée en 2001 par le Centre pour la communication scientifique directe (CCSD) du CNRS. L'IRSN rend ainsi accessible à tout un chacun ses articles de recherche au format numérique, gratuitement et dans le respect des droits de diffusion imposés par l'éditeur.

Juin 2019

Commençons par un peu de réglementation. Ca vous manquait, hein !

Arrêtés d'application

Comme vous le savez tous maintenant depuis un an, les nouveaux décrets ont été publiés. La troupe du Cirkus vous en a proposé une analyse. Si jamais vous ne l’aviez pas vu, sachez que la DGT et l’ASN ont publié une instruction (l’équivalent d’une circulaire) en octobre 2018, donnant des éléments d’explications pratiques aux textes.

Nous en sommes maintenant dans l’écriture des arrêtés d’application.

Concernant le code du travail :

L’arrêté dosimétrie (suivi, surveillance, matériels) devrait être publié prochainement après avoir recueilli les signatures de tous les ministères concernés.

C’est aussi le cas pour l’arrêté Organismes Compétents en Radioprotection et Personnes Compétentes en Radioprotection. Il est très attendu dans la mesure où il va modifier notablement l’organisation de la radioprotection. On se dirige pour l’instant vers une publication début 2020, pour une mise en application complète le 1er juillet 2021 comme ce qui avait été annoncé.

L’arrêté zonage a été « toiletté ». Il a été réécrit en fonction de l’évolution du décret sans changements fondamentaux, pour l’instant.

Enfin, les discussions ont été bien entamées sur l’arrêté vérifications (initiales et périodiques).

 

Le radon

Vous l’avez constaté, le radon a pris une place importante dans le dispositif d’évaluation des risques, aussi bien dans le monde du travail, dans les établissements qui reçoivent du public, mais aussi dans l’habitat privé.

Un groupe de travail ASN est en train d’auditionner un certain nombre d’acteurs ayant cette problématique radon, pour voir les différents impacts que cela produit, notamment dans le monde professionnel. Cela touche à l’organisation du travail, les actions de remédiation, la signalisation des zones radon.

Un grand point de discussion a été abordé avec la proposition de la CIPR de changer les coefficients de dose pour le radon.

A titre d’illustration : être présent 2000 h de manière permanente dans une atmosphère ayant une activité volumique de 950 Bq.m-3 engendre une dose efficace engagée de 6 mSv. C’est à partir de cette valeur que l’on doit mettre en place un zonage. Avec les nouveaux coefficients, la même dose efficace engagée pourrait être atteinte avec une activité volumique de 450 Bq.m-3.

Des recommandations seront émises par ce groupe à destination de la DGT et de la DPPR. Ah ! Certains pourraient se poser la question de ce sigle. C’est en fait la Direction de la Prévention des Pollutions et des Risques du Ministère de l’écologie, du développement et de l’aménagement durables.

Toujours concernant le radon, l’IRSN a organisé début juin, une journée d’information sur le radon à destination des préventeurs et en particulier des médecins du travail. Pour les non initiés, il y a eu plusieurs présentations très pédagogiques, d’autres plus ardues. Mais l’intérêt était évident pour les personnes découvrant le sujet.

 

Niveaux référence diagnostic

Nous sommes en attente de l’arrêté du 23 mai 2019 portant homologation de la décision n° 2019-DC-0667 de l’ASN du 18 avril 2019 relative aux modalités d’évaluation des doses de rayonnements ionisants délivrées aux patients lors d’un acte de radiologie, de pratiques interventionnelles radioguidées ou de médecine nucléaire et à la mise à jour des niveaux de référence diagnostiques associés.

Visiblement quand on ouvre le Journal Officiel, il a bien été publié mais il est indiqué que le texte est en attente de traitement.

 

Des événements

Deux événements de surexposition ont eu lieu au mois de mai à deux jours d’intervalle.

L’un au CHU de Saint Denis de la Réunion, et l’autre dans l’ouest de la France dans le domaine industriel. Ce dernier incident pose d’ailleurs la question de l’origine de l’exposition.

Ces incidents ont été classés au niveau 2 sur l’échelle INES.

 

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