Nous voici en ce début juin avec un début de retour à « la normale ».
Pas encore totalement bien sûr, mais c’est au moins la possibilité de reprendre une activité presque normale.
L’ASN a d’ailleurs communiqué sur son activité pendant ces trois derniers mois.
L’étude des dossiers s’est poursuivie sans trop de soucis, les inspections, elles, étant plus ou moins en suspens.
C’est aussi le moment où l’ASN vient de présenter son rapport annuel à l’officie parlementaire des choix technologiques.
Le président et le directeur général ont présenté le rapport 2019.
Nous dirions que pratiquement comme d’habitude :
L’ASN estime qu’en 2019 la sûreté de l’exploitation des grandes INB et la radioprotection dans les domaines industriel et médical se sont globalement maintenues à un niveau satisfaisant.
Le « globalement satisfaisant » est d’ailleurs un vocable qui a été largement utilisé pendant la crise du COVID-19.
Il y a bien sûr quelques points qui ont été relevés
« Il faut maintenir les compétences et la rigueur professionnelles au niveau de la filière nucléaire. »
Nous avons fait le constat que nous sommes actuellement en manque d’étudiants dans ces domaines, y compris en radioprotection.
Il y a pourtant de belles opportunités et des métiers intéressants à faire.
« Des irrégularités ont été identifiées qui doivent interroger tous les acteurs dans la réalisation des activités ».
Le risque de fraude existe mais le nombre de cas avérés à ce stade est très faible au regard du volume des activités.
Dans le domaine médical, il y a eu en radiothérapie externe, trois événements qui ont été classés au niveau 2 de l’échelle ASN-SFRO, contre 5 en 2018. En médecine nucléaire, l’ASN a rappelé qu’il fallait maintenir une attention particulière en matière de gestion des effluents radioactifs. Enfin, en ce qui concerne les pratiques interventionnelles radioguidées, des améliorations sont toujours attendues dans un nombre élevé de services, la situation étant néanmoins meilleure dans les services de radiologie interventionnelle. Une insuffisance de formation des professionnels à la radioprotection des patients et un déficit d’application du principe d’optimisation des actes sont des constats récurrents lors des inspections.
C’est ce que disent beaucoup de participants au forum du Cirkus.
Le guide n°32 relatif aux règles techniques minimales de conception, d’exploitation et de maintenance des services de médecine nucléaire in vivo a été mis à jour. Les changements apportés sous identifiés en bleu. Ils concernent les évolutions réglementaires (décret, arrêté zonage, ...) et techniques (MRP, ...) ainsi que certaines adaptations issues du retour d'expérience. Bonne lecture !
Le confinement vient de prendre fin. Cela va de toute façon impacter nos activités, nos relations.
Beaucoup de choses ont été dites (trop parfois) sur ces fameux réseaux sociaux.
L’activité (radioactivité) dans notre domaine va reprendre car elle n’aura pas décru de manière aussi simple.
Espérons que nos autorités de contrôles constatent, quand même, qu’il y a parfois bien plus sérieux que 1 microsievert ou que l’ajout de quelques becquerels dans des objets de la vie courante après une activation neutronique par exemple.
Espérons aussi (cela semble mal engagé) qu’une réflexion poussée se fasse sur les déchets de très faible activité (TFA), même si les informations au niveau du haut comité sur la transparence ne sont pas forcément optimistes.
Un incendie s’est déclaré le 4 avril 2020 en Ukraine dans la zone d’exclusion autour de la centrale de Tchernobyl. Un tel évènement, qui s’est déjà produit par le passé, peut conduire à la remise en suspension de césium-137 dans l’air.
Celui-ci s’est rapidement propagé pour atteindre une superficie d’environ 100 hectares. Une hausse localisée du débit de dose gamma a été rapportée par des médias locaux dimanche 5 avril 2020. La balise Téléray de l’IRSN installée sur l’Ambassade de France à Kiev en avril 2011 n’a pas détecté d’élévation anormale de la radioactivité en ce début avril.
Au vu du retour d’expérience, les niveaux d’activité attendus dans l’air en France en césium 137 devraient être très faibles, voire non mesurables. De tels niveaux sont sans conséquence sanitaire pour la population et l’environnement.
L’IRSN a publié plusieurs notes d’information sur son site.
Nous avons été rarement confrontés à une telle situation.
Nous vivons dans une société pratiquement à l’arrêt. Pour ceux dont les métiers ne sont pas essentiels, ils sont confinés chez eux. Pour ceux qui peuvent utiliser le télétravail, les voilà bloqués derrière leurs écrans.
Est-ce que la radioprotection est une activité essentielle ?
Nous avons souvent dit au Cirkus que nous avions une activité de « riches », que nous mettions beaucoup d’énergie pour éviter des doses relativement faibles aussi bien aux travailleurs qu’au public.
On constate aujourd’hui qu’il y a d’autres impératifs, des choses plus essentielles.
A tel point que les autorités et notamment l’ASN, ont décidé la gestion des effectifs présents et de leur habilitation, la gestion des activités lors des arrêts d’installation, la mise en sécurité de certains sites, les dispositions prises dans les hôpitaux pour assurer la continuité des traitements pour les patients, etc.
Et les professionnels de santé ont d’autres soucis. De ce fait l’ASN suspend jusqu’à nouvel ordre ses inspections dans les établissements médicaux qui pratiquent des activités nucléaires, sauf exception.
En matière de dosimétrie, nous allons également modifier l’arrêté.
Il faudra donc, à l’issue de cette période compliquée, tirer les leçons de ce qu’il faut faire en matière de protection et insister sur ce qui est essentiel.
De nombreuses initiatives se développent pour que le grand public aille vers une culture dans le domaine de la radioprotection.
C’est le cas pour l’ASN, pour qui la distribution de comprimés d’iode autour des sites susceptibles de rejeter de l’iode radioactif, est un point très important.
Le rayon a d’ailleurs été porté de 10 à 20 km et une nouvelle campagne a été lancée.
La sensibilisation des riverains aux risques liés à une installation nucléaire et aux moyens de s’en protéger est un des objectifs majeurs de cette campagne et suppose un engagement sur le long terme, a fortiori pour la population récemment incluse dans les aires des plans particuliers d’intervention élargis à 20 km.
C’est aussi le cas pour l’IRSN qui s’est associé à d’autres partenaires :
L’Institut français des formateurs aux risques majeurs et à l’environnement, Planète Sciences et le Fab Lab de l’université Paris-Sorbonne.
Après l’accident de Fukushima, les citoyens japonais ont voulu se forger leur propre opinion sur le risque radiologique. C’est dans ce contexte qu’est né, en France (il y a d’autres actions dans les pays européens) le projet OpenRadiation. Il permet de centraliser des mesures de la radioactivité dans l'environnement réalisées par des citoyens, tant en France que dans le monde entier, et les rend visibles à tous au travers d'une cartographie dynamique.
Mais il faudrait aussi « renforcer la culture scientifique » au niveau du lycée. Avec la nouvelle réforme des programmes, le thème énergie et climat semble être un point incontournable. Espérons que cela suscite des vocations, car c’est un constat que beaucoup d’enseignants du supérieur dressent : « nous manquons d’étudiants ».
Nous l’attendions. Il est sorti : le décret n° 2020-129 du 18 février 2020 portant abrogation de l'autorisation d'exploiter la centrale nucléaire de Fessenheim
Après l’arrêté PCR/OCR de décembre 2019, nous sommes gâtés : voici la sortie de l’arrêté zonage (arrêté du 28 janvier 2020). Il entrera en application le 1er mars 2020.
Attention, ce n’est qu’un toilettage de l’arrêté de mai 2006, avec quelques nouveautés quand même :
Nous en avons fait une version in extenso avec commentaires par nos spécialistes réglementation. Vous la trouverez sur le site.
A paraître (quand, mystère !) l’arrêté « vérifications ».
A propos de la petite note "Une population exposée totalement ignorée" : Une discussion s’est engagée sur le forum du cirkus. Et visiblement cela mériterait une investigation plus approfondie, car les retours d’autres artistes de la piste, montrent que ces personnes n’ont pratiquement aucun suivi dosimétrique.
Ce mois-ci verra l’arrêt de la tranche 1 de la centrale nucléaire de Fessenheim. Elle est prévue pour être mise à l’arrêt définitivement le 22 février. La tranche 2 devrait, quant à elle, s’arrêter fin juin (entre le 27 et le 30 juin).
Et puis le numéro 44 de la revue de l’IRSN « REPERES » a mentionné nos journées techniques :
26 et 27 mars 2020 - Lyon (Rhône)
Journées techniques sur la radioprotection
Retrouvez les spécialistes des laboratoires de dosimétrie sur le stand de l’IRSN à l’occasion des 4es journées techniques de Radioprotection Cirkus.
Au programme de cette édition ; des conférences, des échanges et des animations sur le thème de la radioprotection et de la veille réglementaire. Vous pourrez vous informer sur les activités des laboratoires et sur les services pour la surveillance dosimétrique des travailleurs exposés.
Ce qui nous donne l’occasion de vous dire que la liste des participants commence à s’étoffer, et nous en sommes ravis ! Venez vite faire votre inscription sur le site !
Nous profitons de cet éditorial de Janvier pour vous présenter tous nos vœux pour cette nouvelle année et vous souhaiter de belles choses sur les plans professionnel et personnel.
Le radioprotection Cirkus fêtera ses 10 ans en mars 2020, puisque les éléments ont été validés au Journal Officiel de mars 2010.
Le forum a attiré de nombreuses personnes, des professionnels de la radioprotection jusqu’au grand public. Plus de 66 000 messages ont été échangés durant cette période.
Venez fêter cet anniversaire et souffler les bougies avec nous lors des 4ème journées techniques qui seront organisées à Lyon les 26 et 27 mars.
Par hasard un des membres du bureau était en visite de courtoisie (mais avec un regard de radioprotectionniste) dans un service de médecine nucléaire. Ayant avec lui un appareil de mesure, il est tombé sur un ambulancier qui raccompagnait un patient qui venait d’avoir une scintigraphie au téchnétium-99m. A 50 cm du patient la mesure donnait 14 µSv/h. la discussion qui s’en est suivie était assez édifiante puisque l’ambulancier qui faisait ce travail très régulièrement n’avait jamais eu le moindre système de dosimétrie ni aucune évaluation dosimétrique de la part de qui que ce soit.
On en fait énormément parfois pour des personnes exposées à des valeurs inférieures au seuil de détection des dosimètres passifs, et là rien ! Un petit calcul coin de table rapide montre que ce genre de personnes peut facilement dépasser la limite publique (et qu’ils sont même une population exposée).
Nous vous laissons réfléchir là-dessus !
Eh bien un des arrêtés les plus importants est sorti le 18 décembre 2019.
C’est celui concernant les Personnes Compétentes en Radioprotection et les Organismes Compétents en Radioprotection.
Le texte a été publié suffisamment tôt, pour que le système de certification et d’accréditation ait le temps de se mettre en place, avant la date butoir du 1er juillet 2021.
Nos spécialistes en réglementation se sont penchés très vite sur le texte pour vous en proposer une analyse.
Les mines d’uranium font partie de l’histoire de France et de ses régions. Le musée de l’uranium Urêka, situé à Bessines-sur-Gartempe en Haute-Vienne sur un ancien site minier du Limousin, s’inscrit dans une démarche de transmission.
En 1945, Charles De Gaulle crée le CEA et nomme à sa tête Frédéric Joliot-Curie au poste de Haut-commissaire en 1946. Le physicien et chimiste a notamment en charge d’assurer l’approvisionnement en ressources du programme nucléaire français. La toute première étape de l’épopée uranifère consiste à trouver la matière première, de l’uranium. Pour ce faire, l’école de prospection de l’uranium est créée le 2 décembre 1945 au sein du Muséum d’histoire naturelle de Paris. La première mine d’uranium est exploitée dès 1948 à La Crouzille, où l’on trouve de la pechblende massive, un minerai extrêmement riche en uranium dont la célèbre colonne (filon) Henriette, contenant en moyenne 31,2 % d’uranium. L’école de prospection de l’uranium y est d’ailleurs délocalisée, sur la commune de Razès, en 1955, et renommée Centre international d’enseignement en prospection et valorisation des minerais radioactifs industriels (Cipra).
Soixante ans durant, 250 mines ont été exploitées en France pour une production totale de 76 000 tonnes d’uranium dont un tiers en provenance du seul Limousin. Certaines de ces mines pouvaient employer jusqu’à 1 500 personnes, comme celle de Bessines, aujourd’hui propriété d’Orano où se trouve le musée Urêka.
Le CEA exploitera le minerai dès 1948. En 1976, il cèdera l’exploitation de ses gisements métropolitains à sa filiale la COGEMA qui deviendra AREVA en 2001 et Orano en 2018.
L'information importante de ce mois de décembre est à retrouver ICI.
Le gaz radioactif radon : un enjeu de santé publique en France. L'ASN continue son activité d'information auprès des professionnels et du public, concernant l'exposition au radon. Pour les lieux de travail et les ERP, vous avez vu que nos codes préférés nous imposent quelques actions. Pour les particuliers en revanche, il n'y a pas ces obligations. Mais être exposé à 5000Bq/m3 chez soi est-il meilleur que d'être exposé à 500Bs/m3 sur son lieu de travail ? Non bien sûr !
L'ASN propose donc un paragraphe à destination des maisons et des appartements:
"Les acquéreurs et locataires doivent désormais être informés lors d’une transaction immobilière (location, achat) si le bien immobilier se situe dans une zone à potentiel radon de niveau 3. Le grand public est également informé des risques majeurs dans les zones à potentiel radon de niveau 2 ou 3 via des documents qui peuvent être consultés librement : le Dossier départemental sur les risques majeurs (DDRM) en préfecture et le dossier d'information communale sur les risques majeurs (DICRIM) en mairie."
Reste que les vocables "doivent désormais être informés lors d'une transaction immobilière (achat, location) si le bien immobilier se situe dans une zone à potentiel radon de niveau 3" sont un peu flous. On peut très bien vous le dire sans qu'il n'y ait aucune mesure. Ça sera donc à l'acquéreur d'être attentif, car s'il découvre que l'activité volumique est supérieure notablement au seuil de référence, il devra peut-être effectuer des travaux non prévus lors de la vente du bien !
Cette fois-ci c’est l’IRSN qui relance une information sur le recensement des paratonnerres radioactifs.
En trois ans, plus de 3 700 paratonnerres radioactifs ont été signalés par une initiative citoyenne : l’Inventaire national des paratonnerres radioactifs (Inaparad).
Têtes en l’air, yeux à l’affût, appareils photos en bandoulière, plus de 200 « chasseurs volontaires » parcourent la France depuis mars 2011. Citoyens bénévoles, ils contribuent à l’Inventaire national des paratonnerres radioactifs (Inaparad), créé par Jean-Christian Tirat, journaliste et photographe toulousain.
« Aujourd’hui, il n’existe pas de recensement officiel de ces appareils en France », regrette Jean-Christian Tirat. « Cette action collective, privée et non subventionnée, permet de les signaler aux mairies et aux propriétaires, ainsi qu’aux organismes concernés : Autorité de sûreté nucléaire, Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs et IRSN. »
Pour notre part, nous en connaissons quelques uns à Paris (rue Saint-Martin dans un lieu bien connu) et en province (Clermont-Ferrand par exemple).
Parution du décret n°2019-1158 du 8 novembre 2019 : le public concerné est les travailleurs, conseillers en radioprotection et employeurs des entreprises et établissements relevant des mines, des carrières et de leurs dépendances.
Objet : protection des travailleurs des entreprises et établissements relevant des mines, des carrières et de leurs dépendances en matière de rayonnements ionisants.
Entrée en vigueur : le décret entre en vigueur le lendemain de sa publication.
... On a rangé les vacances
Dans des valises en carton
Et c'est triste quand on pense à la saison
Du soleil et des chansons
Mais au Cirkus, il y a toujours du soleil et des animations !
Pour ce mois-ci, il est encore temps de donner votre avis :
Actuellement se déroule le grand débat national sur la gestion des déchets radioactifs. Il devrait se conclure le 25 septembre.
Plusieurs réunions ont eu lieu également en région, et le public est invité à donner son avis sur le site internet du grand débat.
Nous n'étions pas intervenus directement lors de cette première tentative, il y a deux ans maintenant, et nous craignons que la teneur des débats et des propositions soit entaché des mêmes difficultés.
Mais vous pouvez fort bien aller voir ce qui s'y dit !
https://participons.debatpublic.fr/processes/pngmdr
Vous pouvez encore vous exprimer jusqu'au 20 septembre sur le projet soumis à consultation du public.
Il s'agit des activités qui seront soumises à enregistrement.
Rien à signaler, mais ça ne devrait pas durer...
C’est où l’on ressort le mythe d'un mensonge des autorités à propos du nuage de Tchernobyl. C’est sans doute la théorie du complot la plus répandue dans la société française. Il s'est pourtant forgé dans la foulée de l'événement, par un concours de circonstances mêlant une communication désastreuse des pouvoirs publics et les manipulations politiques de partis et de mouvements antinucléaires. Et ce mythe a repris une deuxième – voire troisième – jeunesse avec l'usine Lubrizol, à Rouen.
Pour faire simple et résumer les choses :
Lorsque l'accident survient, le 26 avril 1986, l'URSS le cache et l'opacité est totale.
Dans le journal de 13 heures du 29 avril, les Français découvrent le professeur Pellerin, patron du SCPRI, qui expose alors les valeurs mesurées en becquerels en Suède (de l'ordre de 10 Bq/m³, c'est-à-dire très proches de la radioactivité naturelle), et rassure logiquement : « C'est une activité notable, mesurable, mais qui ne présente aucun inconvénient sur le plan de la santé publique.»
Le 30 avril, la météo change et les rumeurs s'amplifient. La Russie diffuse toujours des bribes d'information rassurantes quand d'autres évoquent des centaines de morts.
Dès le 30 avril, un communiqué du SCPRI envoyé à la presse confirme l'arrivée du nuage radioactif : on signale « une légère hausse de la radioactivité atmosphérique sur certaines stations du Sud-Est, non significative pour la santé publique ».
Suivi d'un autre, le lendemain : « Ce jour 1er mai 86, 24 heures, tendance pour l'ensemble des stations du territoire à un alignement de la radioactivité atmosphérique sur le niveau relevé le 30 avril dans le Sud-Est. Il est rappelé que ce niveau est sans aucune incidence sur l'hygiène publique. »
Pour raconter l’histoire vécue de l’intérieur, le nuage est arrivé sur le CEA Saclay le 1er mai à 13 h 50.
Puis la radioactivité s'accroît dans l'Est. Dans le Nord-Est, région la plus touchée, l'activité atteindra 25 Bq/m3. C'est effectivement rassurant : dans certaines maisons, l'exposition naturelle au radon peut atteindre 1 000 Bq/m3 !
La faute des autorités est qu'elles ne donnent pas ces valeurs, se bornant à transmettre des informations laconiques. En clair : les pouvoirs publics indiquent bien que le nuage radioactif a survolé la France et que les niveaux observés sont parfaitement rassurants, mais le public est prié de se contenter de cela.
Ce que l’on peut reprocher au professeur Pellerin, c’est d’avoir été un piètre communiquant (mais ce n’était pas son métier).
Et, de fait, le public s'inquiète. Car au même moment, en Allemagne, juste de l'autre côté de la frontière (où les retombées ont été plus fortes), des mesures restrictives sont prises pour protéger la population, alors qu'en France le SCPRI communique sur les 500 relevés effectués et répète que « l'exposition aux radiations qu'ont subie les Français est inférieure au dixième de l'exposition naturelle annuelle ».
Un journaliste ironise alors : « Tout se passe comme si le nuage s'était arrêté à la frontière... » Le mythe est né.
De mémoire c’était le journal les dernières nouvelles d’Alsace.
Un communiqué particulièrement maladroit, publié le 6 mai par le ministère de l'Agriculture, achève d'exaspérer : « Le territoire français, est-il écrit, en raison de son éloignement, a été totalement épargné par les retombées de radionucléides consécutives à l'accident de Tchernobyl. À aucun moment les hausses observées de radioactivité n'ont posé le moindre problème d'hygiène publique. » On notera l'absurdité de la formulation : si des hausses ont bien été observées, pourquoi dire d'abord le contraire ?
Face à cette communication désastreuse du gouvernement, des voix s'élèvent pour exiger plus de transparence. Les opposants au nucléaire, saisissant l'occasion de dénoncer les dangers de cette technologie et d'exiger son arrêt, accusent les autorités. Et, peu à peu, le ton change dans la presse. De nombreux journaux, qui avaient pourtant publié les informations suivant l'évolution du nuage radioactif sur la France, changent totalement de discours une dizaine de jours plus tard. Le 12 mai, le journal Libération titre « Le mensonge nucléaire ». Il ne sera pas le seul.
Le mythe sera perpétué, ensuite, par la Criirad (Commission de recherche et d'information indépendante sur la radioactivité), créée dans la foulée de l'accident par une poignée de militants écologistes, emmenés par l'actuelle eurodéputée Michèle Rivasi. Mais Pierre Pellerin, attaqué en 2006 pour « tromperie et tromperie aggravée » par la Criirad et l'Association française des malades de la thyroïde (AFMT), sera totalement blanchi, en 2012, par la Cour de cassation.
On constate qu’avec l’incendie de l’usine Lubrizol, les méthodes de communication n’ont guère évolué depuis plus de trente ans ! On peut aussi se poser la question de la publication des résultats de mesures. Pour les polluants dans l’air c’est assez rapide, si on cherche bien.
Arrêté du 27 septembre 2019 portant homologation de la décision n°2019-DC-0669 de l’Autorité de sûreté nucléaire du 11 juin 2019 modifiant la décision n°2017-DC-0585 du 14 mars 2017 relative à la formation continue des professionnels à la radioprotection des personnes exposées aux rayonnements ionisants à des fins médicales.
Il abroge l'arrêté du 18 mai 2004 relatif aux programmes de formation portant sur la radioprotection des patients exposés aux rayonnements ionisants.
Voici une information qui n'en est pas une, ou comment mettre la panique à peu de frais.
"Plus de 6 millions de personnes boivent de l’eau contaminée !
Selon les données transmises par le Ministère de la Santé et compilées par l’ACRO, sur la période 2016-2017, l’eau potable de 268 communes, représentant 6,4 millions de personnes, est contaminée par le tritium. À de très nombreuses occurrences, les concentrations dépassent le bruit de fond naturel [1], jusqu’à atteindre 31 Becquerels/L en moyenne pour la ville de Châtellerault, en aval de la centrale nucléaire de Civaux."
Cela a fait la une de la presse en ce mois de juillet où les autres activités sont au ralenti.
Vous noterez que l’on ressort des mesures datant de 2016-2017 et qu’on en fait la publication à ce moment-là !
Alors il a fallu aller sur des réseaux sociaux, répondre à des amis qui s’inquiètent que tout ça n’avait pas grand effet, avec démonstration à l’appui.
Expliquer aussi que les installations nucléaires de base ont des autorisations de rejets d’effluents radioactifs et chimiques. Il est donc normal pour les installations du cycle d’avoir du tritium dans l’eau qui se déverse dans les rivières, les fleuves et les mers.
En principe, les exploitants nucléaires sont tenus de faire des mesures autour de leurs installations. Ces mesures doivent d’ailleurs figurer dans le rapport TSN (transparence en matière de sûreté nucléaire) exigible chaque année.
J’ai donc pris des hypothèses très pénalisantes pour faire des calculs d’impact.
Alors imaginons qu’une personne boive 2 litres d’eau du robinet par jour, tous les jours et pendant un an. Imaginons donc que ce coefficient soit trop minimisé selon toutes nos associations citées précédemment.
Prenons un facteur 10 (ce qui est énorme) en plus.
4,2 10-10 Sv/Bq
Partons d’une activité volumique de 50 Bq/L dans l’eau.
L’activité incorporée est égale à :
50 . 2 . 365 = 36 500 Bq
Calculons alors la dose efficace incorporée :
E = 36 500 . 4,2 10-10 = 0,00001533 Sv
Soit 15,33 µSv !
Ce qui représente deux à trois jours d’exposition naturelle, et en prenant un facteur 10 par rapport au coefficient réel !! C’est aussi l’exposition après avoir fumé DEUX cigarettes !
Les spécialistes apprécieront.
Et après le tritium, il y a eu un questionnement général sur le fait qu’EDF a stoppé les deux réacteurs de Golfech.
Les anti-nucléaires s’en sont donné à cœur joie.
J’ai quand même repris le texte de l’ASN :
Le fonctionnement des réacteurs nucléaires pendant les périodes de canicule est pris en compte dans leur démonstration de sûreté. Les températures considérées sont régulièrement réévaluées, notamment à l’occasion des réexamens périodiques, pour prendre en compte les évolutions climatiques.
Heureusement qu’il y avait un peu d’électricité pour faire tourner les climatiseurs. Le record de consommation électrique estivale a d’ailleurs été battu !
Notre équipe de clowns met à disposition son analyse du dernier arrêté dosimétrie du 26 juin 2019. Pour la retrouver, c'est par ici.
Vous pouvez retrouver le dernier document de formation relatif à la gestion du risque radon par ici.
Bonne lecture !