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Formation radioprotection travailleur

N° chrono : DOC-FO-2_2

Auteur : Marc Ammerich

Éditeur : domino (avril 2015)

Résumé : Quelques trucs sur : comment faire une formation, ce qu’elle doit contenir et comment la faire vivre.

 

INTRODUCTION

Code du travail.

Section 2 Formation

Article R. 4453-4

Les travailleurs susceptibles d'intervenir en zone surveillée, en zone contrôlée ou sur les lieux de travail des établissements mentionnés au deuxième alinéa de l'article R. 4451-2 bénéficient d'une formation à la radioprotection organisée par l'employeur.

Cette formation porte sur :

1° Les risques liés à l'exposition aux rayonnements ionisants ;

2° Les procédures générales de radioprotection mises en œuvre dans l'établissement ;

3° Les règles de prévention et de protection fixées par les dispositions du présent titre.

La formation est adaptée aux procédures particulières de radioprotection touchant au poste de travail occupé ainsi qu'aux règles de conduite à tenir en cas de situation anormale.

Article R. 4453-5

Lorsque les travailleurs sont susceptibles d'être exposés à des sources de haute activité telles que mentionnées à l'article R. 1333-33 du code de la santé publique, la formation est renforcée, en particulier sur les aspects relatifs à la sûreté et aux conséquences possibles de la perte du contrôle adéquat des sources.

Article R. 4453-6

Pour les femmes enceintes et les jeunes travailleurs mentionnés aux articles D. 4152-5 et D. 4153-34, la formation tient compte des règles de prévention particulières qui leur sont applicables.

Article R. 4453-7

La formation est renouvelée périodiquement et au moins tous les trois ans.

Elle est en outre renouvelée chaque fois que nécessaire dans les cas et selon les conditions fixées aux articles R. 4141-9 et R. 4141-15.

Section 3 Information

Article R. 4453-8

L'employeur porte à la connaissance de chaque travailleur amené à intervenir en zone surveillée, en zone contrôlée ou sur les lieux de travail des établissements mentionnés au deuxième alinéa de l'article R. 4451-2 le nom et les coordonnées de la ou des personnes compétentes en radioprotection.

Article R. 4453-9

L'employeur remet à chaque travailleur, avant toute opération dans une zone contrôlée, une notice rappelant les risques particuliers liés au poste occupé ou à l'opération à accomplir, les règles de sécurité applicables, ainsi que les instructions à suivre en cas de situation anormale.

Article R. 4453-10

Dans les établissements mentionnés à l'article R. 4451-3, notamment dans les installations destinées à la récupération ou au recyclage de métaux, dans les centres d'incinération, dans les centres d'enfouissement technique et dans les lieux caractérisés par d'importants flux de transports et de mouvements de marchandises, l'employeur procède à une information des travailleurs sur la découverte possible d'une source orpheline définie à l'article R. 1333-93 du code de la santé publique.

Cette information est accompagnée de conseils et d'une formation portant sur la détection visuelle de ces sources et de leurs contenants, sur les rayonnements ionisants et sur leurs effets ainsi que sur les mesures à prendre sur le site en cas de détection et de soupçon concernant la présence d'une telle source.

 

1. A QUI S’ADRESSE LA FORMATION ?

La formation s’adresse à tous les publics ou à un public ciblé.

Dans le premier cas, il convient de se mettre à la portée du plus grand nombre et graduer le contenu et les explications en fonction de l’ensemble du public.

Quelques exemples :

PCR dans un établissement hospitalier

Séances de formation mélangeant tous les publics (médecins, infirmier(e)s, aide-soignant(e)s, manipulateur(trice)s en radiologie). Ce peut être enrichissant que tout le monde partage ses expériences.

Attention cependant aux liens hiérarchiques qui existent entre les différentes personnes.

Séances de formation graduées en fonction des métiers. Cela demande une adaptation plus importante des documents de formation et du discours.

Ces deux approches ont leurs avantages et leurs inconvénients. Il n’y en a pas une meilleure que l’autre.

 

2 LE CONTENU DE LA FORMATION

2.1 Les risques liés à l’exposition aux rayonnements ionisants.

· Définir les rayonnements ionisants et pour les sources radioactives, définir les grandeurs que sont l’activité et la période. On parlera de ce fait de la décroissance.

Selon les cas on pourra évoquer la filiation radioactive.

· Pour les générateurs de rayonnements, il faut présenter les techniques permettant d’obtenir ces rayonnements.

· Puisqu’il y a rayonnements et matière, présenter les différentes interactions possibles. Cela servira en particulier dans le domaine de la détection.

· Définir les grandeurs utilisées en radioprotection ainsi que les unités : c’est une des parties les plus complexes à présenter de manière claire.

· Donner les approches concernant les effets déterministes (souvent liés à une situation incidentelle) et les effets aléatoires pouvant toucher tous les intervenants.

2.2 Les règles de prévention.

Présenter les méthodes de protection : le type de source de rayonnements conditionne cette partie de la formation.

Pour les sources scellées et/ou des générateurs de rayonnements, présenter les moyens de protection contre l’exposition externe.

Pour les sources non scellées, qui risquent de se disperser, présenter les moyens de protection contre l’exposition interne.

Faire comprendre la différence entre irradiation et contamination. La méthode pédagogique utilisée est souvent déterminante dans la compréhension de ces deux modes d’exposition.

Présenter les moyens de détection en fonction des sources susceptibles d’être rencontrées

2.3 Les procédures générales de radioprotection mises en œuvre dans l'établissement

· aborder l’organisation de la radioprotection au sein de l’établissement et faire part des aspects réglementaires

· présenter les droits et obligations des acteurs de sécurité, des opérateurs et de l’employeur. C’est une partie en générale peu attractive mais indispensable pour que chacun sache ce qu’il convient de faire. Un point particulier sera fait concernant les différents types de personnes : le personnel féminin (et les limites d’exposition qui lui sont propres), les personnes en CDD ou en intérim, les jeunes travailleurs.

              · compléter cet aspect procédures par celles que l’on doit mettre en place en cas de situation anormale.

2.4 La formation pratique en radioprotection au poste de travail

La formation théorique ne dispense pas de réaliser une formation pratique au poste de travail. En fonction du nombre d’acteurs en radioprotection (PCR, SCR) et de leur disponibilité, cette formation pratique n’est pas toujours facile à organiser.

Elle est pourtant indispensable (et réglementaire). C’est un point essentiel dans une analyse de poste de travail. Il est important de savoir quelle est la formation des opérateurs, de savoir par exemple si vous avez des personnes confirmées sur lesquelles vous pouvez vous appuyer (voir le document approche généraliste d’une étude de poste de travail).

3 LA TRAÇABILITÉ DE LA FORMATION

 · enregistrer toutes les formations des personnes exposées que vous aurez mises en place. Les stagiaires seront tenus de signaler qu’ils ont bien assisté à cette formation. Ce document vous permet de prouver aux inspecteurs de l’ASN que vous avez mis en place une formation et que vous savez qui l’a suivie.

· archiver ces documents.

· Pour ceux appelés à intervenir en zone contrôlée, remettre à l’issue de la formation, la notice d’information mentionnée dans l’article R. 4453-9.

· Rien n’oblige réglementairement à faire une évaluation de l’action de formation.

· mettre en place un questionnaire rapide sous forme d’un questionnaire à choix multiples met l’accent sur les points important de la formation

· Questionnaire d’évaluation de la formation par les stagiaires.

 

4. LE RENOUVELLEMENT DE LA FORMATION

Article R. 4453-7

La formation est renouvelée périodiquement et au moins tous les trois ans.

De même que pour la formation initiale, la réglementation n’impose pas un contenu et un temps de formation. : axer la formation de renouvellement plutôt sur les évolutions, qu’elles soient pratiques (au sein de votre établissement) , techniques ou réglementaires.

Les thèmes abordés peuvent toucher aux avancées dans le domaine de la biologie, aux améliorations sur le matériel de radioprotection récemment acquis, sur les derniers textes à appliquer, etc

5 LES ASPECTS PÉDAGOGIQUES DE LA FORMATION

Savoir rapidement quelles sont les attentes et les barrières que peut représenter une formation (qui plus est réglementaire) pour des personnes dont le temps est compté et qui en attendent un bénéfice directe et rapide.

5.1 Expérience personnelle et projet professionnel

Les stagiaires viennent avec leurs propres expériences. Ils vont éprouver le besoin de faire le lien entre ce qu’ils savent déjà et ce qu’ils sont en train d’apprendre. Le danger pour le formateur est d’oublier que les personnes qu’il est en train de former ont aussi des connaissances.

D’où l’importance de favoriser les échanges, le retour d’expérience entre les participants.

Les stagiaires veulent tirer un maximum d’idées et d’applications concrètes pour faire évoluer leur projet professionnel. Plus ils sentent l’importance de la mise en œuvre de la sécurité, plus ils sont motivés et s’investissent dans la formation.

Le lien entre théorie et pratique doit être utilisé le plus souvent possible. Partir d’un cas concret pour étayer la théorie favorise l’apprentissage. Evidemment, tout cela est conditionné par le temps imparti à la formation.

5.2 Les barrières

Le fait de mélanger opérateurs et hiérarchie peut être un facteur d’inhibition à l’apprentissage. C’est la crainte d’être jugé qui l’emporte : tout mettre en œuvre pour atténuer cette crainte.

5.3 Les objectifs pédagogiques

Que doivent savoir et savoir faire les stagiaires après la formation ?

Adapter le programme fixé à cette interrogation : la formation, et en particulier celle en sécurité, permet aux personnes de se sentir plus à l’aise dans leur activité quotidienne.

L’échange entre les participants sera alors important, non pas dans une optique de jugement, mais d’amélioration de la sécurité pour tous.

L’utilisation de verbes spécifiques permet d’aider à l’élaboration d’objectifs pédagogiques :

Expliquer…, identifier.., mesurer…, reconnaître…

 

6 LES MÉTHODES PÉDAGOGIQUES A VOTRE DISPOSITION

6.1 L’exposé

C’est la plus connue et la plus utilisée..

Son principe est de susciter la réflexion. Il convient pour ça de ne pas en dire trop au risque de faire du « bourrage de crane ». L’exposé doit permettre aux stagiaires de réfléchir et de réagir de manière active.

D’où des temps nécessaires de silence et de questions. Ne pas attendre la fin de l’exposé pour s’assurer que tout le monde suit

· ne pas hésiter à formuler différemment des propositions.

· illustrer son discours (les transparents sont là pour ça).

· valoriser le groupe

· utiliser les expériences personnelles.

Les transparents ne sont pas des supports de formation. Ils ne servent qu’à aider le formateur à son exposé. Il convient de dissocier l’écrit et l’oral.

6.2 La méthode questions/réponses

Le principe de cette méthode est de rechercher l’information et stimuler la réflexion

La méthode doit utiliser des questions ouvertes pour que la réponse soit la plus libre possible.

Exemple :

« Y’a-t-il des consignes de sécurité affichées aux postes de travail ? »

Difficile de ne pas répondre uniquement oui ou non (question fermée)

« Quelles sont les consignes de sécurité qui ont été affichées au poste de travail ? »

La personne devra utiliser le mode descriptif pour répondre (question ouverte)

Les questions devront être graduées en fonction des connaissances de base et ne pas être trop techniques.

Il faut que le formateur ait le temps de s’adresser à tous les stagiaires et ne pas s’adresser uniquement à celui ou ceux qui répondent correctement. Un autre travers est de s’enfermer dans une relation entre le formateur et un stagiaire. Les autres auront alors tendance à décrocher.

6.3 La méthode basée sur la découverte

Elle demande d’avoir pas mal de temps. Il assez difficile de la mettre en œuvre de manière continue mais elle peut s’utiliser pour des études de cas par exemple.

Le travail en groupe peut être favorisé car chacun amène ses connaissances pour faire progresser le groupe. Cela permet aux stagiaires de se sentir rassurés et de participer activement.

Les consignes doivent être claires et précises et, dans l’exemple de l’étude de cas, celle-ci doit être adaptée à une situation qui n’est pas forcément connue de tous. L’exercice serait alors trop simple. L’inverse est vrai (pas de situation inconnue).

Le formateur doit accorder une attention permanente à chaque groupe et doit pouvoir être sollicité par tous. Il doit être un référent (personne ressource) et donner certaines pistes pour que le groupe progresse.

Vous pouvez enfin demander une restitution de l’exercice par un des groupes. Les éléments présentés peuvent être bien entendu complétés par les autres stagiaires. Le formateur devra être attentif à valoriser chacun sur les apports.

Le temps est un facteur limitatif à cette méthode. Il conviendra de le maîtriser sous peine de dériver notablement.

6.4 La méthode basée sur la démonstration

Elle demande aussi d’avoir du temps. Il assez difficile de la mettre en œuvre de manière continue mais elle peut s’utiliser pour des travaux pratiques par exemple.

Le formateur exécute l’activité une première fois devant les stagiaires. La démonstration doit être préparée, simple et la plus claire possible.

Les stagiaires vont à leur tour reproduire l’action. Les personnes ayant des facilités à apprendre en regardant les autres et en reproduisant les gestes sont favorisées. Le formateur doit observer tous les stagiaires et venir les aider en cas de besoin.

La phase pratique est suivie d’une phase orale ou écrite permettant aux stagiaires d’indiquer leur cheminement.

Le droit à l’erreur, le rythme individualisé et le principe d’entraide sont un bon garant de la réussite de cette méthode.

 

7 LES « TRUCS » PÉDAGOGIQUES

Le formateur doit se mettre à la portée de ses interlocuteurs.

· illustrer avec des expériences vécues, des anecdotes

· utiliser l’expérience des stagiaires.

Une notion théorique est d’autant mieux comprise quand elle s’accompagne d’une application concrète.

Un exemple pour montrer la différence entre l’irradiation et la contamination

Le tableau noir et la craie

Un morceau de craie peut parfaitement figurer une source : exposition externe

Le tampon qui sert à effacer peut, posé sur le bras d’un stagiaire, figurer une contamination externe

En frappant le tampon dans l’air, se forme un nuage qui simule très bien une contamination atmosphérique : faire comprendre alors l’exposition interne par inhalation.

Un autre exemple pour différencier les effets biologiques déterministes et aléatoires.

Les effets déterministes sont comparables aux effets de l’alcool.

Les effets aléatoires c’est le loto.

L’absorption d’alcool fait qu’un verre, ça va, trois verres, vous connaissez mais dix verres, vingt ou trente c’est un comma éthylique qui vous attend et pire. C’est bien un effet à seuil (le nombre de verres) précoce et la gravité augmente avec la dose ;)

Le loto : vous achetez un ticket vous avez une chance de gagner. En achetant dix tickets vous augmenter la probabilité de gagner c’est tout. Même avec mille tickets vous n’êtes pas obligé de gagner. Et le gain d’une grille sera le même avec un ou mille tickets. Le côté tardif tient justement à la probabilité de gagner dans ce cas là (une chance sur quatorze millions).

Donc pas de seuil, la probabilité augmente avec la dose, et c’est un effet tardif

L’idée sera quand même d’essayer d’avoir une participation de la majorité des stagiaires.

Il y a enfin quelques « recettes de cuisine » pour capter l’attention.

Dire tout bas : « et maintenant je vais vous dire quelque chose d’important… » surtout si vous avez une session « animée ».

Utiliser le silence. Le formateur a peur du silence et comble souvent par un débit de paroles. C’est un moment de respiration pour tout le monde. Ca permet aussi de recentrer l’attention.

Reformuler si besoin : une notion n’a pas l’air d’être comprise ? utiliser d’autres mots, d’autres images.

Il y a d’autres trucs et astuces mais chaque formateur trouve les siens, les perfectionne dans le temps.

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